Je partage ici l’article du journaliste Benoît Maylin qui nous raconte la transformation mentale de Roger Fédérer parce que cet article contient plein de pépites et que même si nous n’allons sans doute pas jouer à Wimbledon, (en tout cas pur moi c’est mort !) nous pouvons toujours nous inspirer des meilleurs !
« Ce qu’a fait Roger Federer samedi à Wimbledon est époustouflant. Et je ne parle pas de ses 40 ans dans 1 mois ni de son genou droit opéré. Non je parle de son contrôle mental pendant les 2h35 de son match contre Cameron Norrie. Ahurissant. Il est resté hermétiquement étanche à tout, son gaucher d’adversaire, la pression, la foule, ses fautes ses mauvais choix. «Quand tu joues en avançant, explique Federer, tu sais que tu vas rater un peu. L’important c’est de l’accepter et de continuer à avancer car il s’agit d’avoir une vue d’ensemble. Lors des changements de côté, mon esprit était vide, je n’avais pas de pensées positives ou négatives, j’étais relax. Je me suis senti en paix.» Ça a l’air simple, ça ne l’est pas. Surtout quand on sait que Roger fut un enfant «difficile», impulsif, colérique, agressif même quand quelque chose le contrariait. Combien de jeux de société ont valdingué dans le salon familial, combien de crises de larmes ont ponctué ses matches perdues, combien de raquettes a-t-il fracassé de rage! Il se croyait même un peu timbré quand depuis tout bébé, il cherchait le sommeil en mettant des grands coups de boule à son oreiller! Entre 14 et 16 ans, en tennis-études, il lui arrivait de s’endormir pendant les cours. Entre 17 et 20 ans, il était incapable de se concentrer. Il passait son temps à faire le clown. Et puis il s’est métamorphosé pour devenir cet «autre», ce joueur sans émotions apparentes, qui en dehors de cette mèche rebelle qu’il réajuste après chaque point ne laisse rien transparaître, empêchant ainsi son adversaire de le «lire». Que pense-t-il? Est-il nerveux, fatigué? Doute-t’il? Et pour interdire toute lecture, Federer tourne très vite les pages de son jeu en enchaînant les points en moins de 15 secondes, pour éviter tout vagabondage de pensées et refuser à son adversaire toute possibilité de le «feuilleter». Comment a-t-il opéré cette mue? Comment a-t-il verrouillé son esprit au stress, à la pression, à ses attentes pendant 20 ans? Comment y est-il parvenu à nouveau alors qu’il y a 15 jours sur le gazon de Halle, il avait perdu les clés de sa confiance? Mystère. Mais samedi, il n’y avait que lui, au présent, sans ressasser le passé ni envisager le futur, sans aucune pensée négative, en totale contrôle mental. Et ça c’est phénoménal.

