mer. 19 avril 2023 à 12:33 PM UTC+2
Depuis quelques années, les ouvrages sur le développement personnel ont envahi les rayons des librairies. Ils regorgent de conseils et de préceptes à suivre pour être positif, atteindre la sérénité et même devenir la meilleure version de soi-même… L’autrice, humoriste et comédienne Anne-Sophie Girard a fait partie de ces lecteurs désireux de travailler sur eux-mêmes. Mais à vouloir trop en faire, on s’épuise. Après « La femme parfaite est une connasse », Anne-Sophie Girard a voulu, avec son dernier livre, « Un esprit bof dans un corps pas ouf » (éd. Flammarion), paru le 12 avril, livrer son expérience et déculpabiliser tous les prétendants au bonheur et à la perfection.
« Miracle Morning », « Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même », « Toujours plus », « Les quatre accords Toltèques »… Le point commun entre ces ouvrages ? Ce sont tous des best-sellers qui vous promettent une vie meilleure. Rangés dans la catégorie « développement personnel », ils ont fleuri dans les étagères des librairies à vitesse grand V ces dernières années. Yoga, méditation, pouvoir énergétique des pierres, optimisation du rangement… Le domaine de l’amélioration perpétuelle de soi est devenu un véritable business. Anne-Sophie Girard, autrice, humoriste et comédienne a été conquise, dans un premier temps, par les promesses du développement personnel. Avant de rapidement se heurter aux limites de cette discipline. C’est ce qu’elle a souhaité raconter dans son livre « Un esprit bof dans un corps pas ouf » (éd. Flammarion), paru le 12 avril, à destination de tout ceux, qui, comme elle, ont fini par culpabiliser de ne pas être « assez bien », de ne pas « faire assez ». À tous ceux-là, elle adresse ses encouragements, son soutien, et donne des clés pour prendre du recul face à ces nouvelles exigences sociétales, en s’appuyant notamment sur les travaux de sociologues et de philosophes, avec humour et efficacité.
« À focaliser sur ce qu’on veut améliorer, on se focalise sur ce qui ne va pas »
« Je sentais qu’on allait tous trop loin, en fait, avec ça. (Le développement personnel) représente un pourcentage énorme de l’édition aujourd’hui, et c’est déjà la preuve que ça ne marche pas, parce que si ça marchait, au bout d’un livre, super, on est tous heureux, on est tous la meilleure version de nous-mêmes… Mais non, on va en chercher un deuxième, un troisième, parce qu’on veut toujours plus, on veut toujours mieux et c’est là qu’est le danger », explique Anne-Sophie Girard au micro de Yahoo.
L’autrice rapporte qu’elle souhaitait dénoncer certaines pratiques et faire émerger la face cachée de la quête sans cesse inachevée de l’accomplissement de soi : « Je me suis rendu compte qu’il y avait des limites au développement personnel, mais aussi des dangers. Je suis allée voir mon éditeur avec l’idée d’écrire sur ces dangers et ces limites. À focaliser sur ce qu’on veut améliorer, on se focalise sur ce qui ne va pas. Et ce n’est pas hyper positif, toute la journée de se focaliser sur ce qui ne va pas. »
« Tu n’es pas obligé de souffrir pour arriver à quelque chose de bien pour toi »
De plus, le constat qu’Anne-Sophie Girard tire de ses recherches et de sa propre expérience est assez décourageant : surprise, le développement personnel ne va pas régler tous vos problèmes, il vous permet même, parfois, de juste continuer à faire l’autruche. « C’est en déconstruisant un peu ce que j’avais lu partout que je me suis dit, ‘ok, il y a un état des lieux, mais cet état des lieux dit que non, la volonté ne peut pas tout, ce n’est pas parce que tu le veux que tu peux, non, c’est pas « no pain no gain », parce qu’en réalité, tu n’es pas obligé de souffrir pour arriver à quelque chose de bien pour toi' », déclare-t-elle.
Forte de ces découvertes, l’autrice s’est questionnée : « L’état des lieux, il était un petit peu déprimant, parce que quand on dit à quelqu’un que tout est joué et que sa marge de manoeuvre est minime, c’est un peu triste. Je me suis dit ‘ok, on va continuer l’écriture de ce livre, qu’est-ce que je fais de cette information ?’ Et c’est là où je donne des pistes et où je me suis mise à écrire moi-même un livre de développement personnel. »
Ainsi, Anne-Sophie Girard conseille de relativiser, d’êtres « moins exigeant » avec soi, et surtout d’accepter que tout n’a pas de solution : « Parfois, il y a des drames qui se jouent, on l’accepte avec le deuil par exemple, il n’y a pas de solution au deuil. Il faut accepter de se laisser traverser par ses émotions, ce n’est pas avec de la volonté qu’on ne va pas avoir mal. »
« Il faut se laisser tranquille, se foutre la paix »
Et s’il y a une solution, ce n’est pas toujours à nous de la trouver seuls, contrairement à ce que le développement personnel peut parfois laisser entendre, insiste la comédienne. « C’est difficile de se rendre compte que ça ne va pas. Il faut accepter que ça n’aille pas, il faut le dire, il faut le dire aux autres et pourquoi pas se tourner vers des professionnels. Si ça ne va vraiment pas, ça s’appelle une dépression, et ça c’est une maladie. Ça ne se soigne pas avec juste un coup de pied au c*l. Je pense que c’est très culpabilisant de dire ‘tu peux y arriver’. Il y a des fois, non, tu ne peux pas y arriver tout seul, demande de l’aide. Quand ça ne va pas, surtout demande de l’aide, dis-le, ce n’est pas de la faiblesse, au contraire, vraiment. Je conseille à tout le monde de se faire aider, pour tout. Je crois qu’on est tous très durs avec nous-mêmes. Il faut se laisser tranquille, il faut se foutre la paix », avance-t-elle.

